Nordkurve

Boire, se battre, baiser et jouer au foot : le samedi, les gens dans la tribune nord n'ont qu'une chose en tête : s'amuser. Il s'agit de plaisir à tout prix, de lutte par tous les moyens, d'intrigues, de tricherie, de chantage. Après tout, le match décisif a lieu dans l'après-midi et 40 000 personnes veulent y assister. Chacun se prépare à sa manière. Tout le monde veut conclure le deal de sa vie ce jour-là. Le sport n'a pas grand-chose à voir là-dedans. Ou peut-être que si ? Uschi, par exemple, trompe son mari avec Clemens, le plus prometteur des remplaçants. Sa disparition du camp d'entraînement ne passe pas inaperçue et a des conséquences. Gottschalk commence à se soûler systématiquement. Roland F. Baier, qui fait le commerce de footballeurs et d'autres marchandises, fait quant à lui des avances à Uschi et lui fait miroiter la licence pour la vente de boissons dans le stade ; ce n'est en fait pas une mauvaise affaire pour la tenancière du bar du club, où Gottschalk est en train de commander un autre Pilz. Mais il y a encore Teddy. Le club lui-même, l'Union 86, est en grande difficulté. Il risque la relégation, les banques lui coupent les vivres et l'émission Sportstudio ne s'est toujours pas manifestée. Pour le président Fischering, ce dernier problème est le plus grave de tous, s'il n'y avait pas cette jeune journaliste blonde. Entre-temps, Gottschalk est passé à l'alcool fort. Le manager et le trésorier cherchent désespérément une issue à ce chaos financier. Dennemann avale ses comprimés pour le cœur par mesure de précaution. Il le sent : l'un des deux ne survivra pas à cette journée. Gottschalk vomit pour la première fois et pendant ce temps, des skinheads jettent un jeune Turc hors d'un bus en marche. Voilà comment commence une journée de football dans la Ruhr. 40 000 spectateurs veulent assister à ce match décisif. Pour les supporters de la tribune nord, l'enjeu dépasse le simple sort d'un club.